Les textes sur Tyr sont peu nombreux. Pourtant, le dieu du ciel et de la guerre est bel et bien présent dans les légendes scandinaves. Celui qui est le symbole à la fois de la justice et de la légalité est considéré comme l’un des plus courageux des dieux. Le plus héroïque, aussi.
Le prénom Tyr vient de l’indo-européen Deywos, qui signifie « ciel du jour » ou encore « ciel lumineux ». Ce qui renforce l’idée qu’il soit bien le dieu du ciel. En vieux norrois, « Tyr » signifie « dieu ».
Ce qui témoigne bien de l’importance du dieu Tyr dans la mythologie nordique. Il donne son nom au jour de la semaine mardi, dans les langues germaniques.
Qui est le Tyr, le dieu de la guerre ?
Avant même d’être associé à la mythologie nordique, Tyr est en réalité à l’origine une divinité germanique. Dans certaines sources, Tyr est décrit comme le fils de Jötunn Hymir. Dans d’autres, Tyr est le fils de Odin, chef du clan des Ases auquel ils appartiennent tous les deux aux côtés de Thor, Vidar ou encore Loki. La mère de Tyr serait donc Frigg, la déesse de l’amour, du mariage et … du ciel. Le dieu vit à Asgard, au même titre que ses deux parents et que ses frères.
Très important aux yeux des vikings, le dieu Tyr est bien souvent invoqué aux débuts des batailles pour avoir une chance de remporter la victoire. En effet, parmi les nombreuses facultés du dieu : celle d’orienter les batailles à l’avantage des siens et de conjurer les forces du mal.
Dans l’Edda, Tyr est décrit ainsi : « Il est le plus courageux et le plus vaillant, et il a un grand pouvoir sur la victoire dans les batailles. Il est bon que les hommes d'action le prient. »
Pourquoi et comment le dieu Tyr a-t-il perdu sa main ?
L’Edda de Snorri est sans doute l’une des seules sources écrites à parler de l’histoire de Tyr. Elle relate, entre autres, comment le dieu de la guerre à perdu sa main droite dans le chapitre 34 du Gylfaginning.
L'histoire de Fenrir et Tyr
Le loup Fenrir, fils de Loki, est depuis toujours connu comme celui qui aiderait à la destruction du cosmos lors du Ragnarök. Alors lorsqu’il est devenu adulte, grand et féroce, les dieux décidèrent de l’enchaîner.
Pour cela, les Ases tentent une première fois de se liguer contre le monstre, en vain. Fenrir brise sa chaîne d’un coup de patte. Les dieux l’attachent une deuxième fois, avec une chaîne plus solide encore, mais le loup réussi à nouveau à se libérer.
Odin et les autres dieux commencent réellement à s’inquiéter et tous se demandent s’ils pourront véritablement se mettre à l’abri de Fenrir. Tyr envoie alors un message aux elfes noirs afin de leur demander de l’aide. Ces derniers créent un lien magique pour aider les dieux, le Gleipnir, fabriqué à partir de bruits de pas de chat, de barbe de femme, de racines de montagnes, de nerfs d’ours, d’haleine de poisson et de crachat d’oiseau.
Une fois le monstre enchaîné avec ce ruban qui semble de soie, les Ases le mettent à l’épreuve de le briser, comme il l’a fait avec les deux liens précédents. Mais Fenrir, avant de se soumettre à l’épreuve, réclame que l’un des dieux mette sa main dans sa gueule en guise de bonne foi.
Seul Tyr a le courage d’accepter le deal de Fenrir. Il s’avance alors vers le loup, et place sa main droite dans sa gueule. Fenrir, au même moment, tire de toutes ses forces sur le lien pour essayer de s’en défaire. Mais au plus il se démène, au plus le lacet se raidit. En colère après avoir été piégé par les dieux, le monstre arrache la main de Tyr, qui s’était courageusement sacrifié pour les siens.
Les Ases continuent alors d’attacher les liens au sol, en les bouclant à travers une dalle de pierre géante. Fenrir reste donc attaché ainsi jusqu’au Ragnarök, la fin du monde prophétique de la mythologie nordique.
Les autres légendes autour du dieu Tyr
Très peu mentionné dans les textes mythologiques, le dieu Tyr apparaît en réalité dans trois mythes majeurs. Dans la légende qui raconte comment il a perdu son bras, d’abord. Puis dans deux autres.
Tyr apparaît dans le Hymiskvitha, une œuvre inachevée. Dans ce conte, le dieu Thor recherche une bouilloire légendaire. Assez grande pour brasser des quantités énormes de bières.
Tyr affirme à son demi-frère qu’Hymir a en sa possession l’objet tant convoité. Ils se rendent alors tous les deux chez le géant, absent de son domicile à ce moment. La mère de ce dernier conseille rapidement aux deux dieux de se cacher pour éviter la colère d’Hymir. Ce qu’ils font immédiatement en se glissant dans l’une des bouilloires monstrueuses du géant.
Lorsqu’Hymir rentre enfin chez lui, il donne un grand coup dans ses bouilloires et les dieux se retrouvent exposés. Hymir prend peur à la vue du puissant Thor et demande que trois bœufs soient cuits pour ses invités. Thor en mange deux et prend l'autre comme appât, affirmant qu'il l'utiliserait lorsqu'il irait à la pêche avec Tyr le lendemain. Et c’est à ce stade du texte que Tyr disparaît de l'histoire.
Le dieu Tyr est à nouveau mentionné dans le poème Lokasenna. Ici, les dieux organisent un grand banquet. Loki y fait alors éruption et se lance dans un concours d’insultes. Après qu’il ait réclamé à s’attabler avec les dieux, Vidar lui laisse sa place et son verre.
Mais l’introduction du texte précise que « Tyr était présent, même s’il n’avait qu’une seule main parce que le loup Fenrir avait récemment arraché l’autre ». Et que le dieu vient à la défense de Freyr après que Loki l’ait insulté.
Comment le dieu Tyr est-il mort ?
C’est lors du Ragnarök, comme beaucoup d’autres dieux, que Tyr trouve la mort. Comme le raconte le chapitre 51 du Gulfaginning, le dieu de la guerre combat le chien gardien de Hel, Garm.
L’événement est décrit comme cela dans les textes : « Alors se libérera également le chien Garm qui est attaché devant la caverne de Gnipahellir ; c'est le plus terrible monstre qui soit. Il affrontera Týr, et ils se donneront la mort l'un à l'autre. »
Cependant, selon certains historiens et spécialistes de la mythologie nordique, Garm et Fenrir seraient en vérité une seule et même figure.
En effet, il semble très plausible que Tyr soit destiné à combattre le loup géant lors du Ragnarök, celui-là même qui lui a arraché la main après avoir été enchaîné par les dieux.